Je me réjouis de la décision prise cette nuit aux États-Unis pour la procédure judiciaire de Dewayne Jonhson, d’autant plus car elle est historique.
Je ne bouderai certainement pas mon plaisir aujourd’hui même si je me doutais avant même que l’audience aie lieu, que Monsanto ferait immédiatement appel et utiliserait les mêmes grosses ficelles habituelles, négation des faits et désinformation.
Cette décision est réjouissante car elle est aussi et surtout hautement symbolique.
C’est un geste fort qu’envoie ce juge : en donnant raison à Dewayne, il reconnait les victimes des pesticides et leur donne raison contre les firmes toutes puissantes de l’industrie chimique.
Combines fallacieuses de criminels en cols blancs : dans toutes les procédures judiciaires, c’est le lien de causalité entre les pathologies et les molécules de pesticides qui est dénoncé par les industriels de la chimie de synthèse.
Ils clament haut et fort que leur molécule n’est pas cancérogène et se réfugient systématiquement derrière le secret industriel.
Or, leurs études présentées aux agences de règlementation portent uniquement sur leurs Substances Actives (ex : le Glyphosate ) et non sur l’ensemble des molécules présentes dans leurs préparations commerciales (=substance active + co-formulants) c’est à dire le produit fini, comme le Round’up, le Ranger- Pro et encore plusieurs centaines d’autres préparations commerciales à base de Glyphosate.
C’est d’ailleurs ce que dénonce le Professeur Gilles Eric Séralini dans sa dernière
étude sur les co-formulants des préparations commerciales à base de Glyphosate qui contiennent de l’arsenic » …
Cette molécule est testée seule pour des effets à long terme sur la santé mais les produits de formulation – composés de résidus de pétrole toxiques et d’arsenic – ne sont pas testés à long terme. Nous appelons à la publication immédiate et transparente des formulations et surtout de tous les tests de santé effectués sur eux… »
Nous sommes face à un empoisonnement généralisé par des criminels en cols blancs et des services des états complaisants qui leur délivrent des permis d’empoisonner et sacrifie notre santé.
Mais aujourd’hui, en France, aux États-Unis ou partout ailleurs dans le monde, la société civile est informée. Elle sait que les firmes ont imposé le modèle industriel, qu’elles abusent du secret industriel, qu’elles répandent des informations erronées, contestent les dommages, déploient des efforts pour influencer les décideurs et les autorités de règlementation, entravent les réformes, achètent les scientifiques,infiltrent les organismes de règlementation*.
Les médias, eux aussi du côté des victimes, ont su le révéler notamment dans les emblématiques Monsanto Papers de l’an passé.
Cette décision me conforte aussi dans les choix que j’ai fait et la conviction que le droit peut être un véritable levier ; une des raisons qui m’ont poussé à engager la
plainte au pénal pour homicide involontaire de mon père avec des produits à base d’arsénite du sodium. Plainte qui vise les responsabilités de Bayer et des services du Ministère de l’Agriculture en France.
Elle me conforte dans ces choix car je sais précisément ce qu’ils coûtent en temps, en énergie, en argent et sacrifices : Pour être un levier, pour que le droit avance, il faut des personnes qui engagent des procédures, comme Dewayne et qui ouvrent la voie.
c’est pourquoi nous pouvons tous nous reconnaitre dans sa procédure judiciaire et être de son côté, du côté victimes des pesticides. C’est celui de la santé publique et de l’avenir.
Alors, aujourd’hui je me réjouis sincèrement pour Dewayne et sa famille, mais aussi et surtout pour toutes les autres victimes des pesticides, pour ma camarade lutte Marie-Lys Bibeyran, et je pense aussi -forcément- très fort à mon père, j’ai même des frissons.
Valérie Murat,
Porte-parole d’Alerte aux Toxiques.
PS à Werner Baumann, PDG de Bayer qui vient de racheter Monsanto : ce rachat, c’était peut-être pas un si bon plan ?!!
France 3 Nouvelle Aquitaine Gironde 11/08/2018
L’invité des matins France Culture 11/08/2018 Monsanto : un jugement historique (à partir de la minute37’48 ) avec Emilie Gaillard, maître de conférences à l’Université de Caen Normandie et spécialiste du droit des générations futures, elle a participé à l’organisation du « Tribunal Monsanto » qui s’est tenu à la Haye en octobre 2016 et Stéphane Foucart, journaliste au Monde, lauréat en 2018 du Prix de la Presse Européenne avec Stéphane Horel pour leur enquête sur les Monsanto Papers.
- Quelles vont être les conséquences de cette condamnation pour Monsanto, qui prévoit déjà de faire appel ?
- Que va-t-il se passer pour les milliers d’Américains qui ont lancé des procédures similaires?
- Et quels effets sur les débats autour de la toxicité du glyphosate ?
Libération 12/08/2018 Monsanto, un jugement historique, des effets encore flous
Le Monde 13/08/2018 Stéphane Foucart Un jugement Salutaire
l’Humanité 13/08/2018 Pesticides, ça craint aussi pour les consommateurs et les riverains
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